Rapport d'activité

RAPPORT ATELIER

Radios communautaires, information environnementale et effets des changements climatiques dans les zones de Joal –Fadiouth, Rufisque et Saint Louis,»

Dans le cadre du  projet  de renforcement  des capacités des radios communautaires pour un plaidoyer efficace en faveur de la conservation, MédiaDevAfrica a organisé un atelier  de deux jours, les 30 et 31 juillet 2011 à Saly Portudal sur le thème : « Radios communautaires,  information environnementale et effets des changements climatiques  dans les zones de Saint Louis, Joal -Fadiouth  et Rufisque ».

Ces 3 zones ont été choisies parce que les études de vulnérabilité ont montré qu’effectivement ces localités sont dans le peloton des zones les plus vulnérables aux changements climatiques.

D’ailleurs,  en prélude à cet atelier  une étude diagnostic sur les priorités environnementales, et les effets des changements climatiques dans les trois zones cibles

 

avait été réalisée par MédiDevAfrique.  Suivant une démarche inclusive, une enquête menée auprès des radios communautaires, des élus locaux et des organisations communautaires de base et personnes ressources à permis de dresser une situation de référence qui a révélé la question de l’avancée de la mer et l’érosion côtière comme la principale préoccupation dans ces trois zones avec des expériences de vie très intéressantes, mais aussi un déficit dans la qualité de l’information citoyenne sur les questions environnementales liées aux changements climatiques.

Or, à l’échelle locale, l’information est principalement produite et relayée par les radios communautaires, et  en plus du déficit qui la caractérise, elle peine à être pertinente vis-à-vis des populations, et des collectivités locales, pour les mobiliser autour de la gouvernance de l’environnement  pour faire face aux changements climatiques.

En effet, du côté des radios communautaires le besoin de prendre en charge les questions environnementales de leur localité, bien que jugé impératif s’est heurté à l’absence de ressources humaines et techniques. Il s’y ajoute que les relations avec les élus locaux sont de très faibles qualité. Traditionnellement elles se réduisent en l’achat de tranches d’antennes au programme sans aucune motivation autre que la diffusion, de part et d’autre d’ailleurs. Il n’ya aucun mécanisme de suivi pour mesurer les effets de la  sensibilisation visée.

D’autre part, l’accès à l’information  auprès des décideurs locaux est  aussi  un véritable parcours du combattant. Les techniciens en charge de l’environnement sont parfois inaccessibles, et lorsqu’ils le sont, le jargon qu’ils emploient est incompréhensible par   l’animateur de la radio  à fortiori l’auditeur peu outillé.

C’est pourquoi MédiaDevAfrica s’est inscrit dans la perspective de renforcer la compréhension  et les connaissance en matière  de changements climatiques et la qualité de l’information produite par les radios communautaires en se fixant comme objectif : améliorer le niveau de compréhension et de connaissances des questions environnementales des journalistes des radios communautaires, pour un meilleur traitement de l’information sur les changements climatiques.

II- Déroulement des travaux :

2-1 : L’écoute d’émission radio

Les travaux de l’atelier sur  « Radios communautaires,  information environnementale et effets des changements climatiques  dans les zones de Saint Louis, Joal -Fadiouth  et Rufisque » s’est ouvert  le 29 Juillet 2011à Saly sur un mot de bienvenu du coordonnateur Général, Mamadou Ndao .

A l’entame des travaux les participants ont écouté une production présenté par la radio Kondafé Fm de Ndayane ( prés de Poponguine dans le département de         Mbour), prétexte choisi pour introduire la présentation du Dr Arona Soumaré du WWF Dakar.

Le sujet qui a été proposé était une interview de Aliou Sène de Kondafé Fm avec Mme Oulimata Thiaw, présidente de la communauté rurale de Ndayaan sur la dégradation de l’environnement et ses péripéties notamment l’agression de l’homme, l’inefficacité des interventions des partenaires, et une quasi inertie de l’Etat…

Les commentaires qui ont suivis ont mis l’accent à la fois sur les imprécisions à corriger et sur les points intéressants à retravailler dans l’optique d’en faire des sujets à part entière de production.

Concernant les imprécisions notées, il est ainsi apparu  de prime abord :

  • un problème de définition car le lien de causalité changements climatiques et dégradation de l’environnement  n’est pas très bien net dans l’interview.
  • En outre il se pose aujourd’hui un problème de sémantique lorsqu’on parle de l’environnement et des changements climatiques dans les langues locales parlées par les radios communautaires.

Ce fut le prétexte choisi pour exhorter les radios communautaires à penser à leurs cibles lorsqu’elles diffusent des interviews de personnes très  qualifiées sur une question.  

Souvent  on entend des propos très savants qui n’ont aucune chance d’être compris par le public. En effet le plus important pour la radio va au delà de la sensibilisation et la mobilisation. Il s’agit d’impulser des changements durables. De ce point de vue on ne savait pas trop dans le reportage  présenté ce qui était réellement visé : l’avancée de la mer ou changements climatiques

Il est vrai que du point de vue de l’auteur de l’élément diffusé, l’objectif était d’aller un peu plus en profondeur sur les constats et les initiatives pour faire face à la dégradation de l’environnement à Ndayane, ce qui est une excellente chose à valoriser, tout comme les bonnes pratiques pour susciter des actions analogues.

Au total cette première écoute à servi de prétexte pour faire un rappel sur les genres rédactionnels comme le reportage, l’interview…  Birima Fall a saisi l’occasion pour insister sur les exigences du reportage et  la nécessité  pour le professionnel d’avoir un vrai sujet de reportage et non d’un thème  trop vaste pour être traité selon les standards de la radio dans un format pertinent.

2.2 : Présentations des communications

A l’issue de cette première séquence qui a permis de voir  les  limites des radios sur certaines connaissances, le Dr Arona Soumaré a introduit  le premier thème de l’atelier intitulé : « Changements climatiques :   Définition, manifestations, Enjeux, Perspectives ? »

A partir d’une démarche qui est allé du  global au local, le Dr Soumaré a indiqué qu’il ya aujourd’hui une littérature abondante au niveau global  (ex : 4 rapports du GIEC) qu’il est difficile de  l’articuler au  contexte  national. Mais  la leçon qu’il en tire est que le débat sur le climat  entretenu depuis 1990 n’est pas neutre. Il renferme selon lui un jeu d’intérêts selon les points de  vue optimistes ou pessimistes  soutenus par les experts  sur les incertitudes et les preuves du réchauffement climatique.

Cependant il note des consensus au moins sur les points suivants :

  • L’augmentation de la température moyenne global de l’air et l’océan
  • L’élevation du niveau global de la mer
  • La Fonte à grande échelle de la neige.

Tout ceci  se traduit selon lui par une perception de la notion de changement climatique qui pourrait se définir comme une modification du climat moyen du au rejet par l’homme de gaz à effet de serre lequel induit un réchauffement de l’atmosphère et une augmentation niveau de la mer qui serait de 9 à 88 cm d’ici 2100, soit un tx de 0,09 à 8,8mm/an

Cette situation pose la question des  impacts des Changement Climatiques ( C C)en Afrique qui , selon Dr Soumaré,  concernent plus les aspects biophysiques et socio économiques au niveau des zones côtières notamment sénégalaises. Il ya souvent au niveau de l’opinion une confusion entre la variabilité du climat, et le changement du climat  qui lui est un processus sur une période plus longue.

Comment mesurer l’impact  des cc sur l’éco système  sur une longue durée?. Faut il considérer  deux situations de référence  statiques entre une année de base(A) et une année finale (B), ou  analyser les tendances évolutives liées  à l’intervention d’un événement extérieur  et/ou de la main de l’homme  sur  un site déterminé ?

Pour répondre à la question le Dr Soumaré à soulevé un certain nombre d’interrogations concernant le type d’information, son échelle de diffusion pour le citoyen ?   La conclusion qu’il en déduit est qu’aujourd’hui il ya un problème de communication sur la question des changements climatiques.   En effet, très souvent on communique sur le négatif  et sur les peurs des populations, avec le risque de cristalliser les résignations, au lieu d’insister sur le positif et tirer profit des opportunités et ainsi entreprendre des stratégies d’adaptations.

Ces stratégies d’adaptation peuvent être proactives c’est-à-dire ex post, ou réactives ( ex anté) . C’est en cela que l’auteur de la présentation à penché pour une démarche  ex-post pour travailler sur les risques et les dimensions à long terme dans la gestion des risques liés aux changements climatiques.

 

Selon lui, qui dit Changement Climatique  dit  Vulnérabilité, c’est-à-dire la  «  sensibilité ou l’incapacité à faire face aux effets défavorables des changements climatiques, y compris la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes »

De même la vulnérabilité induit aussi la résilience qui est la « Capacité d’un système social ou écologique d’absorber des perturbations tout en conservant sa structure de base et ses modes de fonctionnement, sa capacité de s’organiser et de s’adapter au stress et aux changements »

Par conséquent, quand on communique sur les changements climatiques il ya  de l’avis du directeur de la conservation du WWF  3 facteurs à tenir en compte :

  • L’Exposition du système
  • La Sensibilité
  • La Capacité d’adaptation qui est très importante dans la recherche de perspectives de solution durable.

 Ainsi, lorsqu’on se positionne sur l’analyse des risques et de la vulnérabilité, il est important  de procéder à une bonne estimation des risques, leur évaluation  afin de faire une planification des choses à faire

Pour donner une dimension  de proximité à l’information, il est donc essentiel de  l’analyser sous l’angle de la perception des risques par les autorités (locales, nationales) et les ménages pour  administrer des réponses idoines.

Dans le  cas ou l’analyse porte sur les capacités d’adaptation et les opportunités, les chances sont plus grandes  d’avoir l’adhésion des populations aux stratégies d’adaptation. Les média doivent y contribuer conclut le Dr Soumaré, non sans indiquer qu’il ya des défis importants pour la communication, que les radios communautaires doivent relever et qui  se résument ainsi :

  • Les .Incertitudes de la science (la compréhension scientifique changement climatique)
  • L’indisponibilité de l’information locale attribuée aux causes naturelles
  • Les effets différents du changement intervenus dans des endroits différents
  • La terminologie utilisée et l’existence d’un lexique harmonisé
  • Le fatalisme et les croyances endogènes.
  • La difficulté d’établir un lien de cause à effet des changements climatiques, faute d’études nationales et locales.
  • Le phénomène perçu comme naturel pour dédouane toute responsabilité de l’homme.

Les Débats qui ont suivi, ont permis des échanges intéressants notamment autour de 5 points principaux :

  • La cohérence des savoirs :

En effet, le besoin d’harmoniser les connaissances en matière de changement climatique  notamment le lexique utilisé en la matière a été relevé. C’est dans ce sens que la conception d’un petit guide des radiodiffuseurs à été suggérée.

Ceci doit s’accompagner de la mise en cohérence entre connaissance scientifiques et empiriques ou endogènes.

  • Le type de communication et le rôle et la responsabilité des radios communautaires

La question est ici de savoir quel type de production radio faut-il faire dans le sens de l’adaptation, comment le faire, et pour quel public cible ? Ce sont les questions qui ont été évoquées et pour lesquelles des pistes de réponses ont été élaborées. Elles tournent autour de la mise en place d’un mécanisme de dialogue entre les décideurs d’aménagement qui ne perçoivent pas les échos des radios communautaires.et les populations locales qui supporte les effets de la communication.

S’agissant des radio elles doivent selon les participants jouer leur véritable rôle pour amener les décideurs à rendre compte et mieux , servir de plateforme de dialogue avec les décideurs. Comme média de proximité les radios communautaires de l’avis de tous les participants doivent contribuer à humaniser l’information qu’elles produisent à travers les témoignages et les expériences de vies aptes à produire des changements au sein de leurs publics.

  • L’impact économique

Sur ce point précis les prévisions économiques  pour le Sénégal du fait des changements climatiques s’élèvent à 38 Milliards de perte  au niveau des pêcheries par an d’ici 2025 si la tendance actuelle des changements climatiques.

  • La Capitalisation

Les participants ont en effet soulevé la question de la capitalisation des expériences d’adaptation dans les différentes zones touchées par la dégradation de l’environnement sous l’effet des changements climatiques. Ex Les mécanismes d’adaptation par le canal des unions familiales (mariage).

Le document d’A. Soumaré résumé doit aussi pouvoir faire l’objet d’une capitalisation sous la forme d’une petite brochure avec des recommandations précises.

  • Action en direction des populations

Des réticences sont observées au sein des populations pour des raisons diverses dont l’attachement à des croyances Ex sur le tracé inamovible des voies d’eau. Il est convenu qu’un travail doit être fait en termes de communication pour faire accepter aux populations qui sont encore sceptiques  le phénomène des changements.

Au préalable il sera bien entendu nécessaire de bien sérier les facteurs impactant sur l’environnement et qui ne sont aucunement liés aux changements climatiques. Ex Effets de l’extension du port de Dakar sur Rufisque.

Une brève suspension pour la pause à mis un terme à la première  session de la  matinée.

A la reprise deux présentations de cas spécifiques de Joal Fadiouth et de Rufisque étaient au programme.